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L’Histoire est Ronde : les Philippines en 5 minutes (et pas plus)

dimanche, avril 3rd, 2016

Bon, alors vous avez déjà eu Hong-Kong, la Corée du Sud et Taïwan…. mais si je vous dis « Philippines », à part une image d’îles exotiques, y a pas forcément grand chose qui risque de vous venir en tête.

Pour commencer, les premiers habitants des Philippines sont ni jaunes, ni blancs, ni verts mais… noirs et venus d’Afrique. Leurs descendants – baptisés Negritos – habitent toujours certains territoires de l’archipel. Par la suite, d’autres populations asiatiques débarquent à leur tour.

Les îles – pas encore unifiées en un seul et même état – entretiennent des contacts avec de nombreuses puissances, telles l’Inde, la Chine et le Japon.

Au seizième siècle, les Espagnols – guidés par un vague type du nom de Magellan – arrivent et décrètent que le gâteau leur appartient. Peu après, Magellan est tué durant une bataille. Pas de bol, Magellan. Le nom donné à l’archipel vient ainsi du roi Philippe II d’Espagne. Autre élément importé : la religion. Si l’essentiel des Philippins sont aujourd’hui Catholiques, au contraire des pays environnants, cela vient de la colonisation espagnole.

Durant les siècles qui suivent, les Espagnols bataillent contre un peu tout le monde, colonisés à l’intérieur, nombreux gourmands à l’extérieur (autres pays européens, Brunei, pirates de Chine et du Japon…), mais tiennent bon, le territoire ayant un intérêt stratégique majeur pour le commerce maritime avec leurs possessions en Amérique du Sud.

La période de colonisation n’est – par définition – pas toute rose, mais elle apporte néanmoins un accès à l’éducation bien plus important que dans nombre de territoires colonisés voisins. Et à vrai dire, même plus important que certains pays européens à l’époque.

Bon, évidemment, les colonisés finissent quand même par en avoir ras le bol, et à la fin du 19ème siècle, une révolution éclate. Elle est plutôt mal engagée …jusqu’au moment où un troisième acteur intervient : l’Oncle Sam. Les Etats-Unis ont en effet déjà l’Espagne dans le collimateur, désireux qu’ils sont de les éjecter de Cuba.

Et en 1901, les Philippines deviennent indép-… pardon, une colonie des Etats-Unis. L’allié d’un jour a retourné sa veste. Oui, on vous apprend pas ça à l’école.

Mais bon, vu que par rapport à la philosophie de politique étrangère globale des USA, ça le fait pas trop d’avoir des colonies, un protocole est mis en place pour permettre un accès graduel à l’indépendance, la vraie sans additifs ni conservateurs.

Manque de chance, la seconde guerre mondiale éclate et, devinez qui débarque ? Oui, les Japonais, encore et toujours eux. Décidément. Evidemment, les années qui suivent ne sont pas très marrantes pour la population.

Et c’est donc finalement en 1946 que le pays obtient son indépendance. Plein d’autres choses plus ou moins rigolotes se passent dans les années qui suivent, mais on va éviter de trop de vous bourrer le crâne pour aujourd’hui 😛

Stop chrono !
A une prochaine 🙂

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L’Histoire est Ronde : Taïwan en 5 minutes (et pas plus)

lundi, décembre 21st, 2015

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Contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’histoire « chinoise » de Taïwan n’est pas si ancienne que ça. Pendant des centaines d’années, l’île est uniquement peuplée de diverses tribus « aborigènes ». Au dix-septième siècle, les Hollandais débarquent avec l’attention de faire du lieu une colonie (idéalement placée pour le commerce avec la Chine et le Japon). Mais cela est de relativement courte durée, car les Chinois débarquent à leur tour et s’emparent de l’île.

A la fin du dix-neuvième siècle, un troisième lascar a l’île dans le collimateur : le Japon (oui, ils sont souvent les méchants, dans cette rubrique ^^; ). En 1895, à l’issue d’une guerre victorieuse contre la Chine, il fait de Taïwan une colonie. Je ne vais pas refaire un histoire des exactions nippones, je pense que vous en aurez une assez bonne idée après les articles sur Hong-Kong et la Corée.

En 1945, le Japon capitule et perd son empire colonial. Cela ne signifie pas pour autant la fin des ennuis pour l’île; en effet, la guerre civile chinoise reprend dans la foulée, entre Communistes et Nationalistes. Les Nationalistes en déroute en Chine continentale se réfugient à Taïwan. Les Communistes tentent de prendre de l’assaut l’île mais échouent. Peu après, la guerre de Corée éclate, opposant indirectement la Chine et les Etats-Unis. les Américains commencent alors à patrouiller le détroit de Taïwan et les plans de conquête de l’île par les Communistes se retrouvent par conséquent en suspens.

La vie à Taïwan dans les années qui suivent n’est pas des plus roses : la cohabitation entre insulaires d’origine et les – nombreux – nouveaux immigrés du continent n’est pas toujours évidente (les seconds ayant tendance à accaparer les postes à responsabilité au détriment des premiers) et le régime n’est par ailleurs aucunement démocratique, avec une répression complètement aveugle des opposants – avérés ou fictifs – des décennies durant.

A partir des années 80, la démocratie s’invite enfin sur l’île. Et à partir de 2008, les premières liaisons aériennes depuis 60 ans entre l’île et la Chine continentale voient le jour. Entre-temps, le monde entier a appris à connaître la fameuse inscription sur les produits électroniques bon marché 🙂

Stop chrono !
A une prochaine 🙂

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PS : et non, pas d’article de ce genre consacré au Japon. D’une part parce que le pays est bien mieux connu, d’autre part parce que ça aurait été plus compliqué de condenser le « récit ».

L’Histoire est Ronde : la Corée en 5 minutes (et pas plus)

vendredi, octobre 30th, 2015

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Au vu de sa taille et de sa position géographique, entre la Chine et la Japon, il est tout sauf étonnant que la Corée ait subi l’influence de ces deux grandes puissances au cours des siècles.

En 1910, le Japon – qui a gagné en respectabilité auprès des puissances occidentales en collant une inattendue rouste navale à la Russie cinq ans plus tôt – décide que ça serait bien s’il avait lui aussi son empire colonial, histoire de se la raconter comme les Français, les Anglais et compagnie. Ça tombe bien, ça fait quelques années que la Chine n’est plus en position de force pour montrer les dents quand on s’approche trop de la gamelle. Quant à la Russie, on en a parlé il y a une phrase.

Comme d’habitude dans ce cas-là, on saute sur le premier prétexte bidon pour justifier l’invasion, bien évidemment dans le but de civiliser tous ces barbares, apporter les fleurs et les petits oiseaux. Dans les faits, comme n’importe quel système colonial, celui mit en place par l’Empire Nippon est injuste et propice à tous les excès. L’occupant essaie ainsi d’effacer toute trace de culture coréenne, bannissant l’emploi de son alphabet, interdisant l’enseignement de son histoire passée, rendant obligatoire la religion shinto, etc.

Les malheurs de la Corée sont loin d’être terminées : à partir de 1937 commence la guerre Sino-Japonaise (sino = Chine), guerre qui se noie dans la seconde guerre mondiale. Des dizaines de milliers de Coréens sont enrôlés de force dans l’armée Japonaise, tandis que des centaines de milliers de femmes et jeunes filles sont asservies en « femmes de confort » pour les soldats occupants. En parallèle, des mouvements de résistance se créent, notamment au niveau de la frontière chinoise.

En Août 1945, le Japon capitule et le conflit mondial s’achève. …Mais toujours pas les ennuis de la Corée. Suite au départ des Japonais, le Sud de la péninsule se retrouve administré par les Etats-Unis et le Nord par l’Union Soviétique (la ligne de démarcation étant le 38ème parallèle). Il est initialement prévu de rendre au pays sa totale souveraineté mais… la réalité de la Guerre Froide en décide autrement. En 1948, deux gouvernements, en phase avec les idéologies respectives des deux occupants, sont établis au Nord et au Sud. En 1950, le Nord attaque le Sud. Le monde entier ou à peu près s’en mêle. Encore une guerre.

En 1953, la guerre s’achève …ironiquement comme elle avait débuté : deux territoires, séparés par le 38ème parallèle. Dans l’intervalle, des millions de gens sont morts, dont une majorité de civils. Séoul, très endommagée, aura changé quatre fois d’armée occupante.

La paix enfin, mais au prix d’une scission douloureuse qui perdure jusqu’à nos jours. Les pays se développent, assistés financièrement par les puissances respectives qui ont aidé à foutre la merd…, pardon, qui les ont soutenus pendant la guerre. D’ailleurs, contrairement aux idées reçues, le Nord communiste sera pendant plusieurs années plus prospère que le Sud capitaliste.

Avec la chute de l’URSS, le Nord perd un précieux soutien économique et diplomatique. Le régime s’isole encore plus du reste du monde. Dans les années qui suivent, le pays subit une famine dévastatrice.

Et de l’autre côté du 38ème parallèle… à partir des années 80, le Sud se démocratise enfin (oui, bien que non-communiste, c’était pas tip-top quand même jusque là), le niveau de vie augmente significativement et quelques décennies plus tard, des tonnes de groupies du monde entier se pâment devant des chanteurs de KPop, les garçons veulent donner des coups de pied de Tae Kwon Do et tout ce monde utilise des smartphones Samsung.

Stop chrono !
A une prochaine 🙂

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Références photos de fin :

  1. Busan Citizens Park, à Busan.
  2. Temple de Bulguksa, à Gyeongju.

L’Histoire est Ronde : Hong-Kong en 5 minutes (et pas plus)

mercredi, octobre 21st, 2015

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L’histoire moderne d’Hong-Kong commence au 19ème siècle, lorsque les puissances occidentales trouvent régulièrement de bons vieux prétextes bidons pour faire la guerre à la Chine et lui grappiller des bouts de territoires : dans les découpages de pizzas qui s’en suivent, la Grande-Bretagne récupère Hong-Kong.

(Pour l’anecdote, le prétexte invoqué par les Anglais pour aller jouer du canon fut l’opposition du pouvoir Chinois au commerce …de l’opium. Ça ne s’invente pas.)

A l’origine, Hong-Kong se limite à l’île homonyme, mais dans les années suivantes, les Anglais récupèrent des portions de la côte chinoise lui faisant face, à commencer par la baie de Kowloon. C’est pourquoi aujourd’hui, il faut toujours faire la distinction entre Hong-Kong tout court (l’agglomération) et Hong-Kong island (un quartier de la ville).

Les années passent et la colonie britannique se développe, voyant notamment l’arrivée d’un important nombre d’immigrés originaires du sous-continent Indien (= actuels Inde + Pakistan + Bangladesh). Leurs descendants constituent toujours aujourd’hui une importante minorité de la population.

La seconde guerre mondiale n’épargne pas Hong-Kong : le 8 Décembre 1941, à peine 8 heures après l’attaque de Pearl Harbor, la ville subit à son tour l’assaut des Japonais. Elle tombe le jour de Noël. Jusqu’à la fin de la guerre, elle subit l’impitoyable occupation nippone : famine, viols de masse et j’en passe. A l’issue du conflit, la population, entre fuites et décès, a diminué de plus de moitié (600 000 contre 1, 6 million avant-guerre).

Après-guerre, la Grande-Bretagne choisit de conserver la colonie, par intérêt stratégique (à cause de la Guerre Froide). La gouvernance en est cependant progressivement démocratisée, de part le contexte global de décolonisation. La ville se reconstruit, la population croit à nouveau (via l’arrivée de nombreux Chinois fuyant le régime communiste) et quelques décennies plus tard, le monde entier connaît Bruce Lee et son super nunchaku.

En 1997, Hong-Kong est rétrocédé à la Chine, mais conserve un gouvernement (démocratique) et une monnaie distincts de la Chine « continentale ». Ce qui explique, par exemple, qu’il n’y ait pas besoin de visa pour s’y rendre, contrairement au reste de la Chine.

Stop chrono !
A une prochaine 🙂

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PS : j’ai eu l’idée de cette série d’articles quasiment dès le début de ce voyage. Il m’arrive souvent de traverser des pays dont l’histoire ne nous est pas familière. Ça n’est pas pour ça qu’elle est inintéressante et qu’elle doit être snobée.
J’entends de temps en temps des phrases du genre « L’histoire, c’est rasoir/ça me soûle ». Ça me donne un peu l’impression qu’on chie sur la mémoire de tonnes de personnes qui ne le mérit(ai)ent pas. Du coup, je me suis dit : chiche ! On va faire essayer de faire du compact, et si les gens accrochent, ils pourront enchaîner sur tout un tas de textes plus détaillés rédigés par de bien meilleurs spécialistes que moi 🙂

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PS 2 : pour celles et ceux d’entre vous qui se poseraient des questions sur les statues montrées sur les 2 photos ci-dessus : il s’agit de la « Hong-Kong Avenue of Comic Stars », une zone du parc de Kowloon dédiée aux plus célèbres personnages de la bande dessinée hong-kongaise…. parfaitement inconnus par chez nous ^^;

L’espèce de Batman est nommé Dragon Lord, par exemple.

Ça m’a donné envie de découvrir leurs aventures. Pas vous ? 🙂