Mode blasé

novembre 29th, 2015

Manille continue à me porter la poisse.

Avec mon amie Philippine, nous sommes censés prendre un avion pour nous rendre sur l’île de Cebu, au Sud, afin d’y rejoindre l’Italienne qui travaillait avec nous à Kyoto. Sauf que toutes mes tentatives se révèlent infructueuses : que ce soit avion ou ferry, achat en ligne ou achat via agence. Au bout d’un moment, découragé, je me rends à l’évidence : c’est peine perdue.

Du coup, la Philippine me trouve un plan B : Anilao. C’est à une heure et demie au Sud de Manille et ça me permettra de quand même voir des plages. Va pour Anilao.

Arrivé sur place, je découvre avec désarroi qu’une compétition de plongée se tient sur plusieurs jours, et que l’hôtel que je visais est complet. Quand au reste, c’est hors de prix (genre quatre fois le tarif de Manille).

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Le lendemain, après une nuit très chere dans un hôtel ….très nul (avoir des bungalows et être au bord de la plage sont vraiment ses uniques intérêts). Je me farçis 1-2 km à patte pour tenter de négocier dans l’hôtel que je visais initialement. Oui, l’hôtel porte le nom de la localité …mais n’est pas situé dedans. Logique.

Ma bonne étoile me sourit enfin. La proprio est sympa et m’offre un deal : je peux dormir dans un lit situé sur le balcon. C’est toujours plus cher qu’à Manille, mais largement plus gérable niveau budget que les bungalows de l’autre guignol.

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A part ça, ben… pas grand chose. Pas grand chose à faire si on n’est pas plongeur, encore moins si on est sur un budget baroudeur comme moi. Et surtout, je me rends compte que je commence à être très fatigué, au bout de presque trois mois de voyage. Rien de surprenant, mais pas de recette miracle non plus : dormir, manger, c’est tout.

Je crois que je commence un peu à saturer de l’Asie (du Sud-Est) : bruit en permanence, gens qui t’apostrophent sans cesse. Là encore, rien d’inconnu, mais la fatigue cumulée n’aide pas à prendre ça de la plus désinvolte des manières.

Enfin, plus que quelques jours et je débarquerai en Australie.

…et j’y ai toujours pas trouvé de boulot.

La cambrousse à la rescousse

novembre 25th, 2015

J’ai assez vite l’impression qu’il n’y a pas des tonnes de choses à visiter à Manille, en tout cas pas de susceptibles de susciter un intérêt fou à mes yeux. Ça reste une ville dont les défauts ne peuvent être ignorés. Si l’on ajoute à ça le fait que ma co-voyageuse Néerlandaise se fait voler son collier en plein jour alors que nous sommes en route vers Chinatown, j’ai une envie assez prononcée de quitter la ville le plus tôt possible.

La chose n’est pas forcément évidente, vu que se tient à ce moment un sommet international de l’APEC (association de libre-échange entre états de l’Océan Pacifique : Etats-Unis, Asie du Sud-Est, etc…), d’où la présence très présente de multiples policiers (Obama et Poutine seront de la partie) et de très sérieux chamboulements dans les transports, entre les embouteillages, les vols annulés et les bus sur-complets. Comme si la situation de cette ville en temps normal n’était pas suffisante.

Bref.
Après plusieurs heures d’incertitude, j’obtiens le salut tant espéré sous la forme d’un bus de nuit qui me conduit à Banaue (prononcer « Banawé »), à environ 300 km au Nord.

Et là, c’est le grand bol d’air frais, à tout point de vue : finies pollution et chaleur poisseuse, bonjour enfants barbouillés jamais avares d’un « Hello! » simple et joyeux en vous croisant, chiens débonnaires et… magnifiques rizières en terrasses (patrimoine mondial de l’UNESCO, tout ça) 😎

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Le lendemain, je poursuis sur la lancée et me rend un peu plus au Nord encore, à Sagada. Encore plein de jolies choses pour les yeux.

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Notamment l’habitude des locaux d’enterrer leurs morts dans des grottes ou …à flanc de montagne :

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Bémol néanmoins : l’endroit est très touristique et les locaux ont la « merveilleuse » idée d’imposer le recours à un guide pour la quasi-totalité des ballades, même les plus basiques. Bref, ça coûte très vite cher pour une valeur ajoutée nulle, et c’est typiquement le genre de pratique qui a tendance à sérieusement m’énerver. Moi qui pensais que les Philippines m’enquiquineraient significativement moins niveau finances, je dois revoir en partie mes prévisions.

Le lendemain du coup, re-long trajet en bus direction Baguio. Et comme je ne trouve pas d’hôtel dans le coin et qu’à vrai dire le peu que je vois de la ville ne me donne pas une envie irrésistible de m’attarder, j’enchaîne quelques heures plus tard par un…. second bus. Retour à… Manille (à 3h du mat’, en plus, you-pi).

Décidément.

De Petite Île à Plein d’Îles

novembre 18th, 2015

Mes 7 jours de travail à Hualien se terminent, ce qui équivaut quasiment à la fin de mon séjour à Taïwan. Pour autant, je n’ai pas envie de rentrer direct sur Taipei et attendre 2 jours pour prendre mon vol. J’ai encore envie de découvrir de nouveaux endroits sur cette île.

Du coup, je continue vers le Sud de la côte Est, accompagné du volontaire californien de mon hôtel (qui a terminé le boulot en même temps que moi). Le (très lent) train nous conduit jusqu’à Taitung puis de là, on prend un mini-bus pour le village de Dulan. C’est la bonne pioche : pour la première fois de le début de mon voyage, je ne suis pas dans une ville, et c’est vraiment agréable de profiter de la vie locale plus décontractée (même si les Taïwanais de la ville semblent loin d’être les gens les plus stressés du monde). Le personnel comme les clients de l’hôtel que je rencontre sont très sympas et on profite d’un barbecue surprise, malgré la fatigue du voyage. Je regrette déjà de ne pas pouvoir rester plus longtemps dans l’endroit.

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Le lendemain matin, on est censé aller faire du surf sur la plage voisine, même si je sais que mon planning sera très serré, vu que je dois remonter juqu’à Taipei pour prendre mon avion partant le lendemain (tenter le trajet de retour le jour même du décollage se révélerait beaucoup trop hasardeux).

Au réveil, j’apprends les attentats en France et me retrouve en attente de nouvelles de proches. Du coup, mon état d’esprit sur la plage est très particulier. Le soir, à l’issue du nouveau long et épuisant voyage en train et après avoir à nouveau consulté les nouvelles, je sors tout seul dans Taipei, pour me noyer dans la foule du marché de nuit de Shilin. Besoin de voir des inconnus sourire et vivre.

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Les Philippines.

Je ne suis pas réellement surpris parce que je trouve à Manille, mais ça n’en reste pas moins un changement significatif par rapport à ce qui a précédé dans le voyage : bonjour bruit, pollution, saleté, pauvreté, gens plus nerveux, circulation, chaleur plus forte, transports en commun vétustes bourrés à craquer et police omniprésente dans les rues.

Il n’y a pas que ça, bien sûr, mais ce sont des éléments qui ne peuvent être ignorés.

Heureusement, dans cette jungle urbaine, je retrouve quelques visages connus : la volontaire philippine de mon boulot de Kyoto, qui habite habite la capitale, ainsi qu’une Néerlandaise rencontrée à Osaka, que je croise fortuitement dans mon second hôtel (le premier était un peu trop pourri : bruits de circulation 24h/24 et personnel pas très concerné par son boulot).

Une nouvelle aventure, pleine d’inconnues, commence.

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Le patron de mon hôtel

novembre 11th, 2015

Lorsque je rapporte sur ce blog les événements d’un voyage, je sais par expérience qu’il faut des fois savoir attendre pour avoir de la matière, à savoir des anecdotes un minimum intéressantes à raconter (car oui, un voyage ne peut pas être 100% du temps génial et passionnant). D’un autre côté, il faut aussi donner des nouvelles de façon régulière.

Bref, tout ça pour dire que cette nuit, j’ai enfin mon anecdote taïwanaise.

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Le patron des 2 hôtels où je travaille à Hualien est un petit gros nerveux à lunettes qui transite sans cesse en scooter entre ses deux « propriétés » (à deux rues d’intervalle l’une de l’autre) et, accessoirement, parle un peu l’Anglais. Pour se faire comprendre, il a recours au traducteur de son téléphone, à l’intermédiaire du volontaire malaisien (qui parle Chinois, puisque comme pas mal de Malaisiens, il est d’origine chinoise) ou tout simplement ses rudiments dans la langue de Shakespeare.

Rudiments qui consistent en gros en « My friend, my friend » (il ne prend pas la peine de retenir les prénoms des volontaires : tout le monde est « my friend, my friend »), clean/dirty/room et bien évidemment « Ok-ok-ok ». Qui peut à vrai dire signifier tout et son contraire. Du coup, c’est parfois difficile de savoir si il est content du travail que l’on fait ou si il a quelque chose à reprocher. Par exemple, hier, je ne savais pas si il me disait que je faisais trop d’heures (on a 25 heures à faire par semaine) ou que je n’en glandais pas une.

Bref. Dans le même temps, on a pris l’habitude avec des volontaires d’aller jouer au billard à la salle de jeux du coin (et boire quelques bières par la même occasion, de façon purement fortuite). Ce soir, quelle n’est pas notre surprise de voir débarquer en pleine partie notre patron, qui propose même de nous payer une partie et des bières (et qui le fait).

Et il gère, au billard, le bougre. Lorsqu’il nous lamine en 2 secondes chrono en main et qu’il se contente de commenter modestement d’un « Ok-ok-ok », on a un fou rire.

La soirée terminée, on rentre à l’hôtel. Il nous a devancés (oui, nous à pied, lui encore en scooter). On lui adresse le « Hey! » amical typique des gens un peu éméchés. Il nous regarde en silence de façon sérieuse (et mystérieuse, à la asiatique, quoi 😛 ), comme si il ne voyait pas de quoi il s’agissait et si nous n’avions jamais passé la soirée ensemble.

Ok, my friend, comme tu veux.

Je bosse enfin ! (bis)

novembre 9th, 2015

Les gens ne restent pas sagement plantés au garde à vous en attendant que le petit bonhomme passe au vert (y compris lorsqu’il n’y a absolument aucune voiture dans les environs), les stands de nourriture sentent un peu plus le graillon… Pas de doute, je ne suis plus au Japon.

Je pensais que quitter l’archipel nippon me permettrait de bénéficier d’un coût de la vie plus raisonnable. Je dois vite déchanter : c’est à peine moins cher ici.

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Après 3 jours passés à Taipei, la capitale, située au Nord de l’île, je prends un bus puis un train pour descendre sur la côte Est et au bout de trois heures, j’arrive à Hualien. L’hôtel qui m’héberge est peuplé de plusieurs volontaires qui font le même genre de travail que moi à Kyoto. Je me lie assez vite avec le groupe. Avec deux d’entre eux, nous louons des vélos et le temps d’une demi-journée, allons faire un tour dans les Gorges de Taroko avoisinantes. On en a pour nos yeux et nos mollets 🙂 (une quarantaine de kilomètres)

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Le lendemain, mes neurones se sont mis en marche, et je tente ma chance : je demande si je peux moi aussi travailler à l’hôtel, quand bien même je ne resterais qu’une petite semaine (généralement, les hôtes préfèrent prendre des gens effectuant des séjour plus longs). Mon essai est payant 🙂

Je n’ai plus à me préoccuper de payer mon hébergement, et d’ici quelques jours, j’aurais même droit à un salaire. Enfin plus exactement, une (micro-)compensation pour mes frais de nourriture. L’hôtel est mieux géré qu’à Kyoto (c’était pas franchement dur), mais la quantité de travail est très variable : le week-end dernier, les participants d’un marathon dans les gorges ont assailli la réception en continu. Tandis qu’aujourd’hui, on s’embête un peu comme des rats morts, d’autant plus que la pluie s’est inhabituellement invitée pour vingt-quatre heures.

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Après Grande Île, Petite Île

novembre 2nd, 2015

Les deux dernières semaines du mon séjour japonais, à Nagoya puis Tokyo, s’avèrent assez rares en événements marquants. Ma lutte quotidienne contre la vie chère, même si elle est tout sauf inattendue, commence à bien me peser (ou l’éternel dilemme : se faire plaisir de temps en temps pour ne pas craquer VS ne pas exploser son budget en 2 secondes), d’autant plus que je ne parviens pas à dénicher un travail dans la capitale. A cela s’ajoute le fait que les nuits d’hôtels doivent souvent se réserver en avance (par internet, avec donc frais de carte bancaire additionnels), vu comment les places partent vite.

Le cauchemar du vadrouilleur-improviseur de dernière minute que je suis.

Ainsi, pour ma seule semaine à Tokyo, je dois loger dans pas moins de trois hôtels différents. Pas non plus très pratique pour pouvoir se lier avec des gens. Au moins, ça me permet de tester différents quartiers.

À Tokyo, il y a un peu de tout : gros buildings, petites maisons, du sobre, du pas du tout sobre. Pot pourri express :

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Mes tracasseries économico-relationnelles quotidiennes prennent fin dans la dernière ligne droite du circuit : à mon troisième hôtel tokyoïte, je tombe sur plusieurs Français avec qui le courant (très allumé) passe bien. Viennent se greffer des Anglais et un Italien, et c’est parti pour fêter Halloween dans le quartier tendance de Shibuya.

Si on m’avait dit qu’Halloween était un tel phénomène dans l’archipel nippon, je ne l’aurais pas cru. Pour ma toute dernière nuit au Japon, je suis gâté. D’ailleurs, elle sera blanche. Imaginez une foule de gens déguisés de façon plus bigarrée et extravagante les uns que les autres (avec un réel soin apporté aux costumes et aux maquillages) déambulant dans une ambiance bon enfant avec un taux d’alcoolémie un peu plus âgé. Mémorable 😎

Quelques heures plus tard, le Soleil se Levant (hihi), je dois vite fait rentrer à l’hôtel, prendre un petit déjeuner et… partir pour l’aéroport.

Quelques heures plus tard (bis), me voici à Taipei, capitale de Taïwan. Adieu homme d’affaires et écolières en uniformes, adieu vélos, vous allez me manquer, bonjour scooters et humidité tropicale. Une autre aventure commence…

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L’Histoire est Ronde : la Corée en 5 minutes (et pas plus)

octobre 30th, 2015

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Au vu de sa taille et de sa position géographique, entre la Chine et la Japon, il est tout sauf étonnant que la Corée ait subi l’influence de ces deux grandes puissances au cours des siècles.

En 1910, le Japon – qui a gagné en respectabilité auprès des puissances occidentales en collant une inattendue rouste navale à la Russie cinq ans plus tôt – décide que ça serait bien s’il avait lui aussi son empire colonial, histoire de se la raconter comme les Français, les Anglais et compagnie. Ça tombe bien, ça fait quelques années que la Chine n’est plus en position de force pour montrer les dents quand on s’approche trop de la gamelle. Quant à la Russie, on en a parlé il y a une phrase.

Comme d’habitude dans ce cas-là, on saute sur le premier prétexte bidon pour justifier l’invasion, bien évidemment dans le but de civiliser tous ces barbares, apporter les fleurs et les petits oiseaux. Dans les faits, comme n’importe quel système colonial, celui mit en place par l’Empire Nippon est injuste et propice à tous les excès. L’occupant essaie ainsi d’effacer toute trace de culture coréenne, bannissant l’emploi de son alphabet, interdisant l’enseignement de son histoire passée, rendant obligatoire la religion shinto, etc.

Les malheurs de la Corée sont loin d’être terminées : à partir de 1937 commence la guerre Sino-Japonaise (sino = Chine), guerre qui se noie dans la seconde guerre mondiale. Des dizaines de milliers de Coréens sont enrôlés de force dans l’armée Japonaise, tandis que des centaines de milliers de femmes et jeunes filles sont asservies en « femmes de confort » pour les soldats occupants. En parallèle, des mouvements de résistance se créent, notamment au niveau de la frontière chinoise.

En Août 1945, le Japon capitule et le conflit mondial s’achève. …Mais toujours pas les ennuis de la Corée. Suite au départ des Japonais, le Sud de la péninsule se retrouve administré par les Etats-Unis et le Nord par l’Union Soviétique (la ligne de démarcation étant le 38ème parallèle). Il est initialement prévu de rendre au pays sa totale souveraineté mais… la réalité de la Guerre Froide en décide autrement. En 1948, deux gouvernements, en phase avec les idéologies respectives des deux occupants, sont établis au Nord et au Sud. En 1950, le Nord attaque le Sud. Le monde entier ou à peu près s’en mêle. Encore une guerre.

En 1953, la guerre s’achève …ironiquement comme elle avait débuté : deux territoires, séparés par le 38ème parallèle. Dans l’intervalle, des millions de gens sont morts, dont une majorité de civils. Séoul, très endommagée, aura changé quatre fois d’armée occupante.

La paix enfin, mais au prix d’une scission douloureuse qui perdure jusqu’à nos jours. Les pays se développent, assistés financièrement par les puissances respectives qui ont aidé à foutre la merd…, pardon, qui les ont soutenus pendant la guerre. D’ailleurs, contrairement aux idées reçues, le Nord communiste sera pendant plusieurs années plus prospère que le Sud capitaliste.

Avec la chute de l’URSS, le Nord perd un précieux soutien économique et diplomatique. Le régime s’isole encore plus du reste du monde. Dans les années qui suivent, le pays subit une famine dévastatrice.

Et de l’autre côté du 38ème parallèle… à partir des années 80, le Sud se démocratise enfin (oui, bien que non-communiste, c’était pas tip-top quand même jusque là), le niveau de vie augmente significativement et quelques décennies plus tard, des tonnes de groupies du monde entier se pâment devant des chanteurs de KPop, les garçons veulent donner des coups de pied de Tae Kwon Do et tout ce monde utilise des smartphones Samsung.

Stop chrono !
A une prochaine 🙂

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Références photos de fin :

  1. Busan Citizens Park, à Busan.
  2. Temple de Bulguksa, à Gyeongju.

L’Histoire est Ronde : Hong-Kong en 5 minutes (et pas plus)

octobre 21st, 2015

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L’histoire moderne d’Hong-Kong commence au 19ème siècle, lorsque les puissances occidentales trouvent régulièrement de bons vieux prétextes bidons pour faire la guerre à la Chine et lui grappiller des bouts de territoires : dans les découpages de pizzas qui s’en suivent, la Grande-Bretagne récupère Hong-Kong.

(Pour l’anecdote, le prétexte invoqué par les Anglais pour aller jouer du canon fut l’opposition du pouvoir Chinois au commerce …de l’opium. Ça ne s’invente pas.)

A l’origine, Hong-Kong se limite à l’île homonyme, mais dans les années suivantes, les Anglais récupèrent des portions de la côte chinoise lui faisant face, à commencer par la baie de Kowloon. C’est pourquoi aujourd’hui, il faut toujours faire la distinction entre Hong-Kong tout court (l’agglomération) et Hong-Kong island (un quartier de la ville).

Les années passent et la colonie britannique se développe, voyant notamment l’arrivée d’un important nombre d’immigrés originaires du sous-continent Indien (= actuels Inde + Pakistan + Bangladesh). Leurs descendants constituent toujours aujourd’hui une importante minorité de la population.

La seconde guerre mondiale n’épargne pas Hong-Kong : le 8 Décembre 1941, à peine 8 heures après l’attaque de Pearl Harbor, la ville subit à son tour l’assaut des Japonais. Elle tombe le jour de Noël. Jusqu’à la fin de la guerre, elle subit l’impitoyable occupation nippone : famine, viols de masse et j’en passe. A l’issue du conflit, la population, entre fuites et décès, a diminué de plus de moitié (600 000 contre 1, 6 million avant-guerre).

Après-guerre, la Grande-Bretagne choisit de conserver la colonie, par intérêt stratégique (à cause de la Guerre Froide). La gouvernance en est cependant progressivement démocratisée, de part le contexte global de décolonisation. La ville se reconstruit, la population croit à nouveau (via l’arrivée de nombreux Chinois fuyant le régime communiste) et quelques décennies plus tard, le monde entier connaît Bruce Lee et son super nunchaku.

En 1997, Hong-Kong est rétrocédé à la Chine, mais conserve un gouvernement (démocratique) et une monnaie distincts de la Chine « continentale ». Ce qui explique, par exemple, qu’il n’y ait pas besoin de visa pour s’y rendre, contrairement au reste de la Chine.

Stop chrono !
A une prochaine 🙂

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PS : j’ai eu l’idée de cette série d’articles quasiment dès le début de ce voyage. Il m’arrive souvent de traverser des pays dont l’histoire ne nous est pas familière. Ça n’est pas pour ça qu’elle est inintéressante et qu’elle doit être snobée.
J’entends de temps en temps des phrases du genre « L’histoire, c’est rasoir/ça me soûle ». Ça me donne un peu l’impression qu’on chie sur la mémoire de tonnes de personnes qui ne le mérit(ai)ent pas. Du coup, je me suis dit : chiche ! On va faire essayer de faire du compact, et si les gens accrochent, ils pourront enchaîner sur tout un tas de textes plus détaillés rédigés par de bien meilleurs spécialistes que moi 🙂

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PS 2 : pour celles et ceux d’entre vous qui se poseraient des questions sur les statues montrées sur les 2 photos ci-dessus : il s’agit de la « Hong-Kong Avenue of Comic Stars », une zone du parc de Kowloon dédiée aux plus célèbres personnages de la bande dessinée hong-kongaise…. parfaitement inconnus par chez nous ^^;

L’espèce de Batman est nommé Dragon Lord, par exemple.

Ça m’a donné envie de découvrir leurs aventures. Pas vous ? 🙂

Hiroshima, entre Eaux et Flammes

octobre 19th, 2015

Je ne savais vraiment pas trop à quoi m’attendre avec Hiroshima.
Je ne suis pas déçu.

Le six canaux de la rivière Ôta divisent la ville en plusieurs îlots. L’eau est limpide et les berges verdoyantes. La ville a beau être grande, sa configuration géographique la rend paisible.

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Difficile d’imaginer que c’est à ce même endroit que, 70 ans plus tôt, fut larguée la première bombe atomique qui tua – à court ou long terme – des centaines de milliers de personnes, civiles pour la plupart.

Seul témoin restant de l’époque, le dôme de l’ancienne préfecture, laissé volontairement en l’état.

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Le gargouillement des tripes

octobre 17th, 2015

Au bout d’une semaine et demi de boulot dans l’hôtel de Kyôto, la situation a quelque peu évoluée : l’Américain puis la Philippine nous ont successivement quittés. Une Allemande est venue en remplacement, mais son comportement ne nous encourage pas des masses à nous lier à elles (genre je gueule au téléphone tous les soirs, entre minuit et deux heures du mat’). Du coup, l’ambiance est un peu moins folle. Quelques jours plus tard, deux Françaises sympas arrivent à leur tour, mais c’est déjà trop tard.

Trop tard, parce que je commence en avoir ras le bol du manque d’organisation total dans lequel on travaille (le gars censé nous superviser quitte son boulot en Novembre, donc il fait pas état de la motivation la plus énorme), que j’ai un peu l’impression d’avoir fait le tour de la ville et qu’une sensation bien connue se manifeste dans mon organisme : le gargouillement des tripes.

En gros, j’ai la bougeotte qui me démange.

Après des jours d’atermoiement et de repoussage d’échéance, mon départ se fait de façon on ne peut plus précipitée, vu que le bus de nuit que je recherche n’existe – pour une raison que j’ignore – que le Vendredi. Bref, j’annonce à tout le monde que je pars …le jour même.

Retour vers le Sud-Ouest, direction Hiroshima.
(Vous remarquerez que je vous ai évité les titres d’articles subtiles du genre « Hiroshima, c’est de la bombe » et compagnie 😛 )

J’ai réservé mon hôtel (pas la nuit que je passe dans le bus, mais celle d’après) tout autant à la dernière minute. Du coup, y avait pas beaucoup de choix.

Et du coup, je ne me rends compte le matin de mon arrivée que l’hôtel n’est pas à Hiroshima même, mais à Miyajimaguchi …à 25 minutes en train.

Au final, ma manie de la dernière minute et ma bourde géographique jouent en ma faveur : Miyajimaguchi est au bord de la mer, en face d’une île (Miyajima tout court). Un plan récupéré à l’hôtel m’apprend que l’île recèle de temples, parcs et autres panoramas. Du coup, je prends un ferry au flair, en espérant que je ne débarquerai pas pour me rendre compte que l’accès est payant.

Bonne initiative, puisque c’est gratuit.

Ce genre d’aventure me rappelle beaucoup ma découverte de l’île de Rangitoto en Nouelle-Zélande, il y a presque 2 ans 🙂

Rien à voir niveau faune et flore, cependant : l’île est peuplée de chevreuils en liberté et se mêlant aux gens sans la moindre crainte, tant que les arbres ont des débuts de couleurs d’automne (avec des températures d’été 😎 ). La base de l’île est on ne peut plus bouffée par le tourisme et les touristes, mais heureusement, la ballade vers le sommet s’avère plus sauvage.

Alors que j’approche du but, j’entends des moines jouant du tambour à huis-clos. Dans le genre motivation pour les derniers mètres et impression d’accomplissement épique, ça le fait 🙂

Sur ce, je ferme mon claque-merde et je balance les photos.

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